LA JOURNÉE DE LA JUPE de JEAN-PAUL LILIENFELD
- Section Cinéma
- 22 mai
- 2 min de lecture
Si Jean-Paul Lilienfeld s'est fait d'abord connaître en tant que scénariste de la comédie dramatique L'ÉTÉ EN PENTE DOUCE (1987) , c'est avec une urgence quasi-documentaire dans la mise en scène qu'il réalise LA JOURNÉE DE LA JUPE en 2008.

Sonia Bergerac (interprétée par Isabelle Adjani) est professeure de français en périphérie urbaine.
Elle fait face à une classe qu'elle a du mal à gérer et alerte le Proviseur (Jackie Berroyer) qui la dénigre.
Jusqu'au jour où elle trouve un pistolet dans le sac d'un de ses élèves.
Elle prend alors une partie de la classe en otage en choisissant d'aborder tous les non-dits liés à l'école, la laïcité, les violences sexistes et l'autorité.
Faisant fi de l'autorité policière représentée par Denis Podalydès.
La Journée de la Jupe s'articule autour de 4 angles forts !
D'une part c'est un cri d'alarme sur l'école et la société. Le film agit en effet comme un miroir déformant mais révélateur d'une réalité sociale tendue: violences scolaires, perte d'autorité des enseignant.e.s, sexisme ordinaire, inégalités culturelles et tensions identitaires.
D'autre part Isabelle Adajani revient en force avec ce rôle d'une enseignante au bout du rouleau, osons le mot!
Cette performance - la prise de risque que prend la comédienne en quittant les grandes fresques historiques ou les drames sentimentaux pour incarner un personnage sans fard - a d'ailleurs été saluée de toute part !
Isabelle Adjani met ainsi son image au service d'un cri social , dans un registre beaucoup plus rugueux et ancré que celui où le public a eu l'occasion de l'apprécier.
De même la mise en scène est tendue et efficace , car le huit clos dans une salle de classe crée une tension constante, accentuée par le montage et l'écriture des dialogues, le film se déroulant d'ailleurs presque en temps réel.
Enfin c'est une oeuvre engagée au titre symbolique! Une oeuvre obligeant à regarder en face des problématiques complexes souvent évitées. Et qui renvoie à la revendication de pouvoir porter une jupe sans se faire insulter, agresser ou juger .
En conclusion, c'est un film coup de poing , volontairement provocateur , qui dérange tout autant qu'il interroge. Car en effet, il n'apporte pas de réponse, incitant à la réflexion sur l'école, la place des femmes dans la société et les fractures sociales.
Posons l'hypothèse que faire un film comme LA JOURNÉE DE LA JUPE fût un pari de haute voltige !
Un pari que l'on peut dire remporter au vu de son succès lors de sa diffusion sur une des chaînes de télévision.
Et surtout un saut périlleux réussi pour ADAJANI au vu de la reconnaissance critique que cela lui a apporté! Un cinquième César de la meilleure actrice en 2010, record inégalé à ce jour !
C.H
Comments